Lorsqu’on fait connaissance ou que l’on s’arrête dans un commerce, on se rend compte que les petites vieilles, les yayas grecs, toutes de
noir vêtues, ont une façon bien à elles de faire la conversation. Quelle curiosité malsaine, se dit-on de premier abord.
Puis, on se rend compte de l’évidence : cette Dame doit approcher des septante
ans, elle n’a jamais quitté son île, peut-être même pas son village
natal.
Yaya ne lit pas les journaux, mais sait-elle lire et écrire ? A l’âge de jouer, elle aidait ses parents, participait aux tâches ménagères. A l’âge d’étudier, elle travaillait dans les champs, à la sortie de l’adolescence elle était mariée. Son monde c’est sa maison, ses enfants, sa famille, à son village s’arrête son univers.
La conversation débute généralement par un souriant : kalimera (bonjour), puis se poursuit : apo pou isse ?
( qui se traduit par
de quel pays es-tu ?),« De la Belgique ».
Velgio einai stin Elvetia ? ( La Belgique est en Suisse ? )
« Ochi »
(Non).
Pou meneis ?
( Où habites-tu ?)
« Sto Vamo » ( A Vamo).
Diko sou spiti einai ? (C’est ta maison ?)
« Non ».
Poso plironneiss ? (Combien tu paies ton loyer ?)
« Arketa » (Assez).
Ekeis ikoyennia ? (Tu as de la famille ?)
« Nai » (Oui),
etc. Généralement cela se
termine par un :Kathiste ! Tha sou fero ena kafe (Assieds-toi ! Le vais te faire un café.)
Il m’a fallu du temps pour m’habituer à ce genre de dialogue mais après dix années passées en Crète, il en faut beaucoup plus pour que
je me rebiffe ! Au contraire, je les adore !